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L’hypnose

L’hypnose, ce n’est pas que du spectacle!

Intervention chirurgicale, addiction, stress… L’hypnose agit autant sur plan physique qu’au niveau psychique.

Très pratiquée par les grands psychiatres et neurologues de la fin du XIXe siècle, l’hypnose avait pourtant fini par disparaître de l’horizon médical. Elle revient dans de multiples domaines médicaux et prouve son efficacité en matière des troubles psychiques, digestifs, de soins des addictions, de chirurgie et de canalisation de douleur… Le point sur ses principaux bénéfices avec le Dr Jean-Marc Benhaiem, praticien hospitalier en centres de la douleur à Paris, et le Dr Dominique Mendy, anesthésiste à Angoulême.

Contre les douleurs chroniques
Devant l’échec des médicaments pour traiter céphalées, troubles des terminaisons nerveuses, mal de dos…, des médecins ont recours à l’hypnose.

Comment ça se passe? Le praticien invite, par exemple, la personne à s’imaginer avec des gens qu’elle aime, à se sentir bien. Elle secrète moins d’adrénaline mais plus d’endorphine et de dopamine qui soulagent. Elle se décentre aussi d’une sensation négative obsessionnelle. Un homme qui consultait pour des céphalées de tension rapportait, à la 2e séance, qu’il supportait mieux ses migraines et devenait plus patient avec ses enfants. Il avait établi un lien entre son exigence excessive à leur égard et ses douleurs.

Les bénéfices: L’hypnoanalgésie n’agit pas ici comme un médicament, mais modifie le contexte global, permettant de changer le rapport à la douleur pour qu’elle soit moins invalidante. La prise de médicaments peut ensuite diminuer.

En cas d’intervention chirurgicale
Stress avant une intervention chirurgicale et une anesthésie? Pas envie d’être groggy par trop de sédatifs? L’hypnosédation offre une alternative, mais aussi pour faire face à des douleurs aiguës, notamment en cas de soins dentaires.
Comment ça se passe? Il faut en parler à l’anesthésiste lors de la consultation préalable obligatoire. Si celui-ci pratique l’hypnose, il peut proposer un test pour voir si le patient répond bien. Le jour J, deux possibilités se présentent.

L’hypnose aide le patient à se détendre, puis les sédatifs classiques sont injectés pour une intervention conséquente. Ou bien il s’agit d’une chirurgie de surface, et l’hypnose peut remplacer les anesthésiants mais, bien sûr, les produits restent prêts pour une injection immédiate en cas de besoin. Une technique comparable est utilisée pour des soins dentaires, sauf que la personne pratique seule l’auto-hypnose à laquelle elle aura été préparée par suggestion et formée en séance préalable.

Les bénéfices: Les interventions sous hypnose sont toujours mieux vécues. La technique facilite le réveil et permet aussi de mieux gérer les douleurs post-opératoires. Il n’est pas rare que les patients se passent d’antalgiques ensuite.

• Contre les troubles digestifs
Douleurs au ventre, ballonnements, constipation ou diarrhées caractérisent le syndrome du colon irritable, de plus en plus traité par l’hypnose.

Comment ça se passe? La méthode consiste à tisser un lien avec la personne et à l’inviter à entrer en contact avec la douleur abdominale. Un jour, il a été proposé à une dame de choisir entre expulser ce qui la faisait souffrir (par l’opération), ou vivre avec. Il lui a ensuite été demandé si elle « expulsait » ses enfants et petits-enfants quand ils lui causaient des soucis. Non! a-t-elle dit. Sous hypnose, elle a alors vécu des situations d’accueil et, par analogie, elle a réussi à gérer son problème sans se faire opérer.

Les bénéfices: Le rapport de l’Inserm de 2015 a confirmé que « des séances régulières d’hypnothérapie limitent les symptômes digestifs ». Les troubles sont plus facilement tolérés et des interventions chirurgicales prévues sont parfois rediscutées.

• Contre l’anxiété, le stress et les phobies
L’angoisse prend des formes propres à chacun. Elle résulte parfois d’une blessure ancienne, d’un traumatisme ou d’une situation présente difficile pouvant entraîner phobies, irritabilité ou troubles du sommeil par sur-réaction face au réel.

Comment ça se passe? Le but est de ré-accorder le patient avec la réalité. Face à la peur des transports, par exemple, il est possible de demander à la personne si un sac ou un fauteuil peut avoir peur. La réponse est bien évidemment non.

En hypnose, on lui propose alors de s’imaginer dans les transports en prenant la place de ces objets et la peur disparaît. En cas de troubles du sommeil, le patient est invité à renoncer à la volonté de maîtrise, le processus reposant sur l’abandon. L’état d’hypnose est proche de celui de l’endormissement et aide au lâcher-prise (« mon bras s’engourdit, je suis là mais je ne suis pas là… »).

Les bénéfices: Ce qui est vécu en séance est naturellement transposé en situation réelle et l’angoisse, ainsi que les réflexes de maîtrise ou de surprotection, s’estompent.

• Contre les addictions
Surconsommation de nourriture, de tabac, d’alcool… Les addictions sont toujours difficiles à traiter, mais l’hypnose peut aider.

Comment ça se passe? Il faut d’abord resituer l’addiction dans l’histoire globale, puis, cibler le besoin de remplir, de combler un vide, ainsi que les rituels de consommation.

Sous hypnose, la personne va ensuite renoncer mentalement à manger des gâteaux, ou à acheter compulsivement. Elle sent que c’est possible. Puis, il faut mettre le ver dans la pomme, par exemple en demandant à un patient pour qui l’alcool est une aide géniale, d’après lui, s’il en donnerait à ses enfants.

Cette pensée va resurgir à chaque fois qu’il voudra prendre un verre et corrompre son plaisir addictif.

Les bénéfices: L’hypnose permet d’induire de nouveaux circuits cognitifs favorisant le détachement par le vécu intérieur d’alternatives.